Retraite : J’ai bénéficié du RSA toute ma vie, voici la pension que je perçois chaque mois

Vivre avec le RSA pendant des décennies, puis arriver à l’âge de la retraite soulève une question simple : que reste-t-il chaque mois pour vivre ? Beaucoup pensent qu’une vie sans emploi stable ou sans cotisations suffisantes ferme toutes les portes à une pension. Ce n’est pas tout à fait vrai. J’en suis la preuve.

Pendant plus de 30 ans, j’ai survécu grâce au Revenu de Solidarité Active. Entre petits boulots non déclarés, longues périodes de chômage, et moments de précarité extrême, je n’ai jamais réussi à intégrer durablement le marché du travail. Et maintenant que j’ai passé 62 ans, voici ce que je perçois comme pension de retraite.

Une retraite sans carrière, mais pas sans droits

Quand on n’a jamais cotisé assez, l’État ne vous laisse pas complètement tomber. Même sans carrière complète, certaines aides existent. Dans mon cas, je reçois l’Aspa (allocation de solidarité aux personnes âgées). Ce minimum vieillesse s’adresse aux retraités avec peu ou pas de ressources. Sans cela, je n’aurais presque rien.

Actuellement, je touche à peine plus de 980 euros par mois, car je vis seul. Si j’étais en couple, le montant serait plus bas. Ce n’est pas grand-chose, mais c’est plus que ce que je gagnais certains mois avec le RSA. Cette pension me permet de payer un petit loyer, mes courses, et quelques frais médicaux. Rien de plus.

Certains diront que c’est injuste. Que d’autres ont travaillé dur pour des retraites à peine plus élevées. Mais je ne prétends pas à l’égalité. Je raconte juste la réalité d’un parcours fragile, comme celui de milliers d’autres. L’Aspa n’est pas une récompense, c’est un filet de sécurité.

Une vie sous surveillance et sans marge

Recevoir cette aide signifie aussi accepter certaines conditions. Par exemple, si je viens à recevoir un héritage ou une grosse somme, l’État pourra récupérer ce qu’il m’a versé. Mon patrimoine ne doit pas dépasser un certain seuil. Et surtout, je dois déclarer chaque changement de situation : un déménagement, une nouvelle relation, une aide familiale… tout.

Je n’ai pas de voiture, pas d’épargne, pas de maison. Je vis au jour le jour. Certains mois, c’est tendu. Une facture imprévue suffit à faire basculer mon budget. Je compte chaque centime. Les loisirs ? Rares. Les vacances ? Jamais.

Mais je garde la tête haute. Je ne me plains pas. J’assume mon parcours, avec ses choix, ses erreurs, ses accidents. Beaucoup vivent la même chose en silence. Moi, je veux simplement témoigner.

Ce que je perçois chaque mois ne fait rêver personne. Mais cela me permet de survivre. Et dans un monde où la précarité touche toutes les générations, ce sujet mérite d’être entendu. Car la retraite ne ressemble pas toujours à une fin paisible. Parfois, elle continue de rimer avec lutte.