Trois ans après son arrivée au pouvoir, Giorgia Meloni peut afficher une victoire budgétaire. Le déficit public de l’Italie a été divisé par deux depuis 2023, atteignant désormais la cible européenne de 3 %. Rome échappe ainsi aux sanctions de Bruxelles pour déficit excessif. Le chômage a reculé à 6 %, et le commerce extérieur dégage un excédent record de 55 milliards d’euros.
Sur le papier, tout semble aller dans la bonne direction. Mais derrière ces statistiques rassurantes, le pays connaît une dégradation profonde de son tissu économique et social. La rigueur budgétaire, poursuivie depuis la crise de la dette de 2011, a laissé des traces. Les coupes dans les dépenses sociales et de santé pèsent sur les ménages les plus modestes, tandis que la vente d’actifs publics comme les parts de l’État dans Ita ou Eni réduit la marge de manœuvre future du gouvernement.
Le ralentissement économique se traduit par un appauvrissement général. Selon l’OCDE, les salaires réels ont chuté de près de 7,5 % entre 2021 et 2024. C’est la baisse la plus forte parmi les pays développés. Un travailleur sur dix vit aujourd’hui sous le seuil de pauvreté malgré un emploi. Les inégalités se creusent et la jeunesse fuit un pays où les perspectives s’amenuisent. Plus de 150 000 Italiens ont quitté la péninsule en 2024, âgés en moyenne de 33 ans.
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Une productivité en panne et une société vieillissante
Le cœur du problème italien réside dans la stagnation de la productivité. Depuis 1995, la croissance de la productivité du travail est deux fois plus faible qu’en France et trois fois inférieure à la moyenne européenne. En 2023, elle a même reculé de 2,5 %. Ce blocage structurel empêche toute amélioration durable du niveau de vie.
Les causes sont multiples. Le tissu industriel se compose majoritairement de petites entreprises peu tournées vers l’innovation. Les investissements en recherche, en formation et en digitalisation restent limités. Dans le même temps, les emplois créés depuis la pandémie concernent surtout des secteurs à faibles revenus, comme le tourisme ou les services saisonniers. Ces postes, souvent précaires, ne stimulent ni la productivité ni la croissance à long terme.
À lireCovid-19 : le variant « Frankenstein » inquiète-t-il vraiment ? Symptômes à surveillerLa démographie accentue cette fragilité. Avec un taux de fécondité de 1,18 enfant par femme, l’Italie détient l’un des plus faibles d’Europe. La population vieillit rapidement : 75 % de la richesse nationale est détenue par les plus de 50 ans. Ce déséquilibre pèse sur la consommation, la main-d’œuvre disponible et la viabilité du système de retraite.
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Face à cette situation, le gouvernement tente de relancer les revenus grâce à des baisses d’impôts. Mais sans hausse des salaires réels ni politique d’innovation ambitieuse, ces mesures ne suffisent pas à inverser la tendance. La croissance, dopée un temps par le « superbonus » dans la construction, retombe désormais.
L’Italie reste donc prisonnière d’un paradoxe : un État aux finances stabilisées, mais une économie incapable de créer de la valeur durable. Tant que la productivité stagnera, la prospérité restera hors de portée, et la réussite budgétaire de Giorgia Meloni risque de n’être qu’un trompe-l’œil.
