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Dans les transports, au café ou dans une salle d’attente, un geste est devenu universel : plonger le nez dans son téléphone. Loin d’être anodin, ce réflexe en dit long sur votre rapport aux autres et à vous-même. À ce propos, sachez que la psychologie offre des clés pour comprendre ce comportement.
Un refuge confortable contre l’inconfort social
Si vous sortez votre téléphone, ce n’est pas seulement pour passer le temps. C’est avant tout une stratégie pour gérer une situation qui vous met mal à l’aise. La psychologue Ana Morales, auteure de plusieurs ouvrages sur le bien-être émotionnel, explique que le smartphone est un objet « pratique, sûr et prévisible ».
Les interactions humaines, elles, le sont beaucoup moins. Ce comportement porte un nom en psychologie : le comportement d’évitement. En effet, au lieu de faire face à une émotion désagréable comme la gêne, la peur du jugement ou encore le sentiment d’être seul, vous essayez de trouver une échappatoire immédiate.
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Le téléphone portable agit alors comme un véritable bouclier. Il vous protège des regards, comble les silences et vous évite de paraître isolés. En prime, chaque notification ou défilement sur un fil d’actualité libère une petite dose de dopamine. Votre cerveau est ainsi récompensé, ce qui vous pousse à répéter ce geste.
Des impacts sur votre vie, selon la psychologie
À force d’utiliser votre smartphone comme un rempart, vous perdez l’occasion de développer des compétences sociales essentielles. Selon Ana Morales, « se faire des amis, nouer des liens, même regarder quelqu’un dans les yeux… tout cela demande de la pratique ». L’experte en psychologie insiste là-dessus.
Si vous vous cachez derrière un écran à la moindre difficulté, vous n’allez jamais vous entraîner. Ce phénomène, parfois appelé « phubbing » (le fait d’ignorer quelqu’un au profit de son téléphone), vous prive de micro-interactions précieuses. Un sourire échangé avec un serveur, une conversation avec un voisin, etc.
La sociologue du MIT Sherry Turkle, dans son livre « Seuls ensemble », confirme cette idée. Elle démontre que plus vous êtes proche de vos appareils, plus vous risquez de vous sentir déconnecté des autres. Vous vous coupez des imprévus qui font la richesse de la vie réelle : les silences, les rencontres inattendues…
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Un isolement qui vous coupe de vous-même ?
Si toutes les générations utilisent le téléphone comme une barrière, les plus jeunes y sont particulièrement vulnérables, selon les experts en psychologie. Ayant grandi avec cet outil, ils ont généralement plus de mal à supporter l’ennui ou le contact direct. Cela dit, le risque le plus profond est ailleurs.
En effet, en évitant de vous confronter au monde, vous évitez aussi de vous retrouver avec vous-même. Ce besoin constant de distraction vous empêche de réfléchir, de vous ennuyer ou simplement de ressentir ce qui se passe en vous. Or, comme l’explique Ana Morales, « pour s’aimer soi-même, il faut se connaître soi-même ».
La psychologue ajoute par ailleurs : « Pour se connaître, il faut s’écouter ». En vous noyant dans le bruit numérique, vous perdez cette connexion intérieure, ce qui peut fragiliser votre estime de vous. Bref, la psychologie vous apprend que plus vous utilisez votre téléphone pour fuir une situation, plus vous vous leurrez.
Autrement dit, vous vous persuadez que vous êtes incapables de l’affronter. Ce qui n’était qu’une simple habitude finit donc par renforcer vos insécurités, vous enfermant dans un isolement paradoxal à l’ère de l’hyperconnexion.