Montrer le sommaire Cacher le sommaire
Le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) classe l’arsenic comme un élément cancérigène de classe 1. Et, il le place en corrélation directe avec de nombreuses pathologies oncologiques, et notamment avec les cancers du poumon, de la vessie, du rein et de la peau. L’absorption chronique d’arsenic, notamment par le biais d’eau en bouteille contaminée, figure aussi dans les documentations scientifiques pertinentes comme étant responsable de maladies.
Une enquête édifiante de Mediapart met d’ailleurs l’accent sur une contamination « non maîtrisée » de l’eau en bouteille d’une célèbre marque. Une découverte très inquiétante qui fait couler de l’encre !
De l’arsenic dans de l’eau en bouteille
L’arsenic est un élément chimique présent dans la croûte terrestre en tant que composant naturel. Il se présente sous deux formes différentes.
Sous forme organique, nous en trouvons par exemple dans des aliments comme le poisson, les crustacés et les mollusques. Mais il n’est absolument pas dangereux. En revanche, la forme dangereuse de l’arsenic est la forme inorganique. Et notamment lorsqu’elle contamine l’air ou l’eau en bouteille ou potable, qui s’adresse à la consommation humaine. En effet, si l’inhalation par l’air est, en général, très limitée, l’inhalation par l’eau comporte de gros risques.
Mediapart a d’ailleurs mis la main sur un document que Nestlé a tenté de garder secret. Ce qui n’a pas empêché le célèbre média d’en publier des extraits.
Ce rapport, daté de juin 2022 que Nestlé a classé « confidentiel », met en lumière 20 défaillances et violations des réglementations quant à la qualité des eaux et la pollution environnementale relative à ses activités.
En plus des traitements illégaux que Nestlé utilise pour désinfecter ses eaux, l’entreprise reconnait une fraude se situant à plus de 3 milliards d’euros. Et, le moins que l’on puisse dire est que cela soulève des inquiétudes majeures.
Les ingénieurs qui ont rédigé ce rapport mettent en garde contre « le risque de concentration d’arsenic dépassant la limite de sécurité alimentaire » pour l’eau en bouteille de la marque Vittel.
Des pratiques frauduleuses de désinfection
Entre mars et mai 2022, suite à un signalement de fin 2020 concernant des pratiques frauduleuses de désinfection des eaux en bouteille, les usines de Nestlé (dans les Vosges) ont subi une série de contrôles par les autorités sanitaires.
Les inspecteurs y ont découvert des structures souterraines et de faux murs en inox. Mais aussi de nombreuses armoires qui cachaient les traitements interdits des eaux minérales naturelles en vente sous les marques Contrex, Hépar et Vittel.
Plusieurs services de l’État ont alors décidé de s’impliquer dans cette affaire. En effet, Il s’agit du service national d’enquête de la Direction générale de la concurrence. La consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). L’Inspection générale des affaires sociales (Igas) et l’agence régionale de santé des Vosges.
Par ailleurs, dans le même temps, en juin 2022, les ingénieurs de Nestlé ont réalisé aussi une inspection interne. Et dont le rapport « ne doit être ni copié ni transmis à un tiers », relaye Mediapart.
Seuls la vice présidente et responsable juridique de Nestlé et son directeur financier, ont accès à ce document. Le constat y est alarmant. Ce rapport présente, en effet, « un état complet de la ressource en eau, sous tous ses aspects ».
Les ingénieurs en charge du rapport signalent des taux d’arsenic dépassant les seuils réglementaires. Le risque pour la sécurité alimentaire est alors évalué comme « élevé » selon les normes en vigueur.
Un taux supérieur n’est pas acceptable
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le code de la santé fixe un seuil réglementaire d’arsenic dans les eaux qui s’adressent à la consommation. Ce seuil est de 10 microgrammes par litre (µg/l).
À ce niveau et au-delà, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) considère que « l’excès de risque de cancer est significatif ». Un taux supérieur n’est donc « pas acceptable ».
Or, dans leur rapport, les ingénieurs de Nestlé précisent que « la concentration en arsenic peut atteindre les 12-13 µg/l (au dessus de la limite légale de 10 µg/l) dans le produit fini ». C’est à dire dans l’eau en bouteille sous la marque Vittel provenant du forage Bonne source. Et cela, malgré les traitements réglementaires que le géant a mis en oeuvre.
Source : Mediapart
